Psy Cause(s) 3 / De la cour au jardin

Vous avez aimé le 1 ?
Vous avez adoré le 2 ?
Vous allez kiffer grave ce Psycause(s) 3 !
C’est bien simple, je me demande si ce n’est pas l’opus que j’ai préféré.
Dans ce nouveau seule-en-scène, Josiane Pinson s’est surpassée !

Ce sera un festival drôlissime, une grande bouffée d’humour corrosif soufflant sur le Studio Hébertot, une nouvelle heure et trente minutes de rire sain, intelligent, salvateur. Avec également beaucoup d’émotion. Cette conclusion de la trilogie (en sera-ce vraiment une ?…) sonne comme une apothéose, un climax, le bouquet final d’un feu d’artifices ! Elle est de retour, cette psy longiligne, à l’apparence sévère, avec son cortège de patients.

Des névroses, des psychoses, des obsessions, des troubles de l’âme humaine, en veux-tu en voilà ! Mais elle aussi va traverser de sacrées turbulences ! Pour secouer, ça va secouer ! Sur et à côté du fauteuil !
Le fauteuil, justement. Peut-être le personnage principal… Toujours aussi orange et fonctionnel.

Il est là, ce magnifique K10, designé en 2000 par Toshiyaki Kita pour Cassina. Elle là, cette commodité de la consultation ! Josiane Pinson quant à elle a repris son « uniforme », bottines, pantalon, chemisier/tunique, noirs, petites lunettes à monture rouge. Comme nous les attendions ces codes-couleurs là ! Nous avions quitté notre héroïne avec une petite musique en tête : « Nique la mort, nique la mort, nique la mort, mort mort ! Mort aux trousses, mort aux trousses, mort aux trousses, trousses, trousses… ». C’est justement par la mort que commence le spectacle. La mort, qui a niqué la Mère de la psy. Pour autant, cette mère-là sera omniprésente, truculente. C’est la voix reconnaissable entre toutes d’une immense comédienne qui l’incarnera, cette mère tout aussi absente qu’envahissante. Je vous laisse découvrir…

Et les consultations de commencer… Une petite fille avec un arbre « généalogique » plus compliqué tu meurs illustrant à merveille les nouvelles familles décomposées-recomposées, une dame qui a laissé son soupirant espérer consommer une hypothétique relation charnelle depuis… quelques années déjà (là encore je ne déflore pas (si l’on peut dire) la séquence, un sculpteur très lacanien aux lunettes à la Elton John, j’en passe et des meilleures… Nous allons hurler de rire ! Josiane Pinson, les lunettes sur le bout du nez, les yeux plissés comme pour démontrer physiquement la capacité d’écoute de son personnage, ses « Ah! » d’étonnement effaré suivi d’un silence à l’annonce de certaines énormités, Josiane Pinson est hilarante !
L’écriture de l’auteure-comédienne est toujours aussi affûtée, pointue et acérée. Je suis à chaque fois fasciné par cette capacité qu’elle a en quelques mots à installer un personnage et une situation.

Un exemple : en faisant s’exclamer et en jouant de façon merveilleuse ces seuls sept mots « Ah mais moi, j’ai fait Compostelle ! », Melle Pinson nous campe brillamment et avec une phénoménale économie de moyens cette dame qui va ensuite évoquer son « souci » avec la religion ! C’est grandiose !
Nous allons retrouver des personnages bien connus : Mme Gras (qui désormais a changé de nom ! ), Pierre, le mari, Nico, Fanny, Margot, les trois enfants, et bien d’autres.
Tous ont évolué, certains vont régler des comptes, d’autres vont vouloir à leur tour aider la psy (autre séquence hilarante et déjantée…).
La mise en scène de Gil Galliot, qui poursuit l’aventure avec sa comédienne, est très vive, très enlevée. Il parvient parfaitement à mettre en forme et ordonner ce chaos intérieur et parfois extérieur qui agite ce cabinet pas comme les autres et sa propriétaire…

Ce dernier (?) volet sera également vecteur de beaucoup d’émotion. Nous rions, certes, mais tous ces personnages nous touchent toujours autant. Parce que ce sont des hommes, des femmes. C’est nous !
C’est un miroir que nous tend Josiane Pinson, finalement.
Et puis, cette fois-ci, le personnage de la psy prend davantage de profondeur. J’ai été troublé, comme un peu peiné pour elle, par ce qu’elle va devoir encaisser. On l’aime, cette psy. La voir s’en prendre tellement plein la figure, ça fait quand même un choc.
Bien entendu, l’auteure assume et nous rend ainsi son personnage encore plus attachant, encore plus « aimable » au sens premier du terme. C’est avec une réelle virtuosité que la boucle sera bouclée.
L’auteure Josiane Pinson conclut sa trilogie avec à la fois une vraie trouvaille dramaturgique et scénographie. (Avec notamment l’apparition d’un nouvel accessoire orange…), et une mise en abyme du métier de psy…

Ne manquez pas ce dernier volet, ne laissez pas passer le fin de cette trilogie. Je vous promets que vous le regretteriez !