Soit deux frères : Sauro, danseur usé, ex-étoile du théâtre de San Carlo, et Mauro, ténor handicapé, lui aussi gloire déchue de ce même théâtre. Ayant échoué dans une mansarde parisienne minable ils demeurent dépendants l’un de l’autre, l’un ne levant plus la jambe, l’autre cloué dans un fauteuil roulant, égrenant devant nous leur chapelet de ressentiments de douleurs et de désespoir. Ils se racontent en longues expressions de soi où se mêlent propos vachards et affectueux, comprenant que s’ils n’ont pas choisi de finir leur vie ensemble, ils seront contraints de puiser dans la présence de l’autre une dernière raison de s’en aller dignement.
Ils sont vraiment « affreux, sales et (souvent) méchants », ces deux frères Carusi. Ils sont sublimes, gigantesques, exceptionnels, inoubliables et fantastiques Jean-Paul Farré et Henri Courseaux qui incarnent respectivement Mauro et Sauro. De leur performance d’acteurs qui l’est d’autant plus qu’elle ne se veut pas comme telle, on sort éblouis et renversés d’émotion. L’écriture rapide et percutante de Dorine Hollier, l’auteure de la pièce, alliée à la mise en scène tout en nuances de Stéphane Cottin renforce la puissance de l’interprétation. Réflexion sur le poids des racines aux accents de tragédie antique, hymne à la comédie où Falstaff semble pointer le nez de ses désillusions, voilà un chef d’œuvre. A tous les points de vue.
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