Psy Cause(s) 3 / Le Figaro

Psycause(s) : la thérapie de choc de Josiane Pinson. Dans Psycause(s), l’actrice Josiane Pinson campe une galerie de personnages drôlement névrosés.

Cette femme-là a plein de problèmes. Les cordonniers sont les plus mal chaussés, et justement cette psychanalyste a du mal à gérer son quotidien. Divorcée, mère de trois enfants, elle «partage» sa vie privée «entre Catherine et Pierre», ses ex, dont Philippe, son mari, le père de sa progéniture, et ses patients. Forte de trente ans d’expérience, elle est tentée d’abandonner le métier pour partir à la campagne.

Gaillarde, drôle et tendre, Josiane Pinson incarne une analyste de choc dans le troisième opus de sa trilogie baptisée Psycause(s), commencée en 2002. Toujours installée sur son fauteuil orange et vêtue de noir, la sexagénaire s’inspire de son expérience d’ancienne patiente pour interpréter des personnages décalés, névrosés, perturbés et perturbants. Avec de nouvelles inquiétudes


Il y a cette petite fille qui se perd dans l’arbre généalogique de sa famille sans cesse recomposée ou cette vieille dame habillée comme une bimbo qui cherche l’orgasme avec les routiers. Présente dans les deux Psycause(s) précédents, Madame Gras, qui vomissait sur son divan est de retour avec de nouvelles inquiétudes.


Lunettes juchées sur le bout du nez, Josiane Pinson habite le plateau sans efforts. Fluide, la mise en scène de Gil Galliot laisse libre cours à ses allers-retours entre son appartement et le cabinet (la scène est nue). La fine actrice « autodidacte » ne cherche pas à délivrer de messages, juste à distraire et partager ses interrogations sur l’être humain, en particulier féminin.


Dans la peau de la thérapeute, elle vide son coeur de femme mûre trahie, mais qui veut s’émanciper et confie ses angoisses existentielles. Elle se surprend à répondre à sa mère (la voix de la pétillante Judith Magre) qu’elle vient d’enterrer et choque ses trois enfants avec sa liberté d’esprit.

Que ce soit sur la mort ou la vie, les illusions perdues ou l’espoir qui perdure, Josiane Pinson écrit bien et ne prend pas de gants pour faire tomber les murs d’un cabinet intime. Malicieuse, directe, elle enchaîne les saynètes dans des lumières changeantes pour un auditoire complice, parfois un peu voyeur, mais toujours bienfaisant.

Fabienne Rappeneau