« Le féminisme c’est de l’humanisme »
Liberté, égalité, parité ! Trois thèmes au cœur de la table ronde proposée ce vendredi 14 octobre, à la médiathèque de Nilvange, autour de trois auteures dont la comédienne Blandine Métayer.
Dans Je suis Top, Catherine (Blandine Métayer) revient sur tous les obstacles franchis pour devenir directrice générale. Un extrait de ce spectacle, également adapté en BD, sera présenté en ouverture du débat, vendredi à Nilvange.–
Votre dernier spectacle Je suis Top ! (dont un extrait sera présenté à Nilvange) traite des difficultés pour une femme de parvenir, aujourd’hui encore, à un poste à responsabilité en entreprise. Comment vous êtes vous intéressée à cette thématique ?
Blandine MÉTAYER : « Après mon premier spectacle seule en scène (Célibattante ! en 2003 NDLR), je cherchais un thème fort pour en monter un second. En parallèle, j’intervenais en entreprise ce qui m’a permis de nouer des contacts, d’observer les rouages et effectivement les difficultés pour les femmes. Je me suis dit : je vais faire l’histoire d’une femme qui est parvenue au sommet. Pour cela il faut de la matière vraie, j’ai mené un travail d’investigation, rencontré une quarantaine de femmes qui m’ont confié énormément de choses. »
Le tableau dressé n’est pas tendre. Quelles réactions attendez-vous des hommes ?
« Les hommes rient peut-être moins que les femmes mais ils ne sont pas indifférents. Ceux qui ne sont ni misogynes ni machos sont souvent étonnés. Ils me disent : « Ce n’est pas possible, c’est des vieux témoignages ». Certains sont même bouleversés. A la fin du spectacle, ils viennent de passer une heure dix dans la peau d’une femme et c’est dur ! »
Vous êtes aussi l’une des marraines du plan interministériel en faveur de l’égalité professionnelle. Qu’est-ce qui vous pousse dans ce combat ?
« Tant qu’il y aura des femmes dans le monde battues ou violentées, humiliées, sous-payées… On ne sera pas dans des sociétés évoluées. C’est un combat ancien. Je le porte depuis mon premier seul en scène. Mais avant même, j’y ai été confrontée. Comme jeune comédienne on est victime des stéréotypes, j’ai joué des blondes idiotes pour travailler.»
Le secteur de la culture, du spectacle est-il aussi sexiste et inégalitaire ?
« Bien sûr, nous sommes confrontés au sexisme ordinaire. Dans le monde culturel, il y a beaucoup moins de rôles pour les femmes que pour les hommes […] Je suis engagée dans une association où l’on réfléchit, par exemple, sur “le tunnel de la comédienne de 50 ans “, là c’est vraiment la double peine… »
Comment pouvez-vous agir ?
« Dans ce métier, il y a un moment où on passe de la reconnaissance à la transmission. On peut agir en écrivant, en jouant la comédie… Il y a encore tellement à faire. L’artiste est un passeur, là aussi pour faire réfléchir et susciter le débat. On ne résout pas forcément les choses mais on peut mettre en lumière. »
Vous êtes féministe ?
« Oui bien sûr, pourquoi, pas vous ? Vous ne voulez pas que tout le monde ait les mêmes droits ? Le féminisme, c’est de l’humanisme. »
Propos recueillis par Lucie BOUVAREL.